Challenge AZ Lettre E comme « Ecrivain »

6 novembre 2019 2 Par elodie
Challenge AZ lettre E

Lettre E : Comme « Écrivain », Gerard de Nerval élevé à Mortefontaine

Introduction

Aujourd’hui pour cette nouvelle lettre du #challengeAZ je vous emmène sur les traces d’un écrivain. J’ai fait le choix de ne pas faire une biographie complète (wikipédia est beaucoup plus doué que moi dans ce domaine), mais plutôt de m’intéresser à la période où il a vécu dans l’Oise, et ce qu’il lui en est resté.

Gérard de Nerval à Mortefontaine

Gérard LABRUNIE dit Gérard de Nerval

Mortefontaine, commune du sud de l’Oise, a vu grandir un jeune garçon pas comme les autres. Son nom? Gérard LABRUNIE, plus connu sous le nom de Gérard de Nerval.

Fils d’Étienne LABRUNIE, médecin militaire et de Marie-Antoinette LAURENT, le petit Gérard voit le jour le 22 mai 1808 à Paris. Comme beaucoup d’enfants parisiens de bonne famille de l’époque, il est envoyé à la campagne où l’air, dit-on, est meilleur, tout comme le lait des nourrices. Il est donc confié à sa famille maternelle résidant entre Mortefontaine, Plailly et Ver-sur-Launette, trois communes limitrophes. Si sa nourrice demeure vraisemblablement à Loisy, hameau de Ver-sur-Launette, c’est son grand-oncle Antoine BOUCHER qui se voit confier l’éducation du jeune garçon. Les deux branches familiales sont restées assez proches malgré le départ de la soeur d’Antoine pour Paris. Pour preuve le grand-père de Gérard, Pierre Charles LAURENT, est témoin au mariage de la fille d’Antoine.

Voici un petit arbre pour résumer leur lien de parenté :

Arbre de parenté entre Gérard de Nerval et Antoine BOUCHER
Maison d'Antoine BOUCHER avant 1914 challenge AZ lettre E
Maison d’Antoine BOUCHER avant 1914 (1)
Chemin menant vers le bois de Nerval
Chemin menant vers le bois de Nerval

De 1808 à 1814 Gérard reste à Mortefontaine, petite ville de 500 habitants environ. Il grandit dans la rue principale, alors appelée « Grande Rue menant vers Plailly », aujourd’hui « Rue Gérard de Nerval ». La maison de son oncle est une maison ordinaire, ni grande, ni petite (je reviendrai sur son histoire dans un prochain article), semblable à beaucoup d’autres dans la rue.

Le terrain est entouré par le parc du château de Mortefontaine, appartenant alors à Joseph BONAPARTE, célèbre frère de l’Empereur, qui vient régulièrement avec sa femme, sa cour et parfois son illustre frère. Le jeune garçon a certainement croisé ces grands hommes devant la maison de son oncle, lors de ses balades dans la campagne environnante ou pourquoi pas en passant par la porte dérobée au fond du jardin donnant directement sur le potager du château. De plus le fait que le père de Gérard soit engagé comme médecin militaire dans l’armée de l’Empereur, et que son grand-oncle Antoine soit l’ancien (et premier) maire de la commune, a pu jouer en faveur une éventuelle présentation à la famille impériale.

C’est en souvenir de ces promenades qu’il prendra plus tard le nom qui fera sa renommée. En effet, Mortefontaine partage avec Ver-sur-Launette et Plailly le « Bois de Nerval » ainsi que le lieu-dit « Fond de Nerval« .

Cadastre Napoléonien de 1810 de Mortefontaine (2)

En 1814, Etienne LABRUNIE, blessé, quitte l’Armée et son fils repart vivre avec lui à Paris. Ce qui ne l’empêche pas de revenir régulièrement en visite chez son oncle jusqu’à la mort de celui-ci le 29 mai 1820.

S’il ne retourne plus à Mortefontaine jusqu’à 1846, il reste profondément marqué par ses paysages et les gens qu’il a pu côtoyer là-bas. On retrouve beaucoup de références à ces lieux dans son oeuvre, notamment dans Sylvie (nouvelle publiée dans La Revue des deux Mondes en 1853) où il fait clairement référence à Loisy, hameau de Ver-sur-Launette, ainsi que Montagny, dont les descriptions ainsi que la présence de l’oncle du personnage principal font fortement penser à Mortefontaine. Il n’utilisera cependant le nom de cette ville qu’une seule fois dans Promenades et souvenirs. D’autres références se glissent dans Aurélia, publiée en 1854, en particulier sur le jardin du château :

On y apercevait à peine la trace d’anciennes allées qui l’avaient jadis coupé en croix. La culture était négligée depuis de longues années et des plants épars de clématites, de houblon, de  chèvrefeuille, de jasmin, de lierre, d’aristoloches, étendaient entre les arbres d’une croissance vigoureuse, leurs longues traînées de lianes. Des branches pendaient jusqu’à terre chargées de fruits et parmi les touffes d’herbes parasites s’épanouissaient quelques fleurs de jardin revenues à l’état sauvage.

Gérard de Nerval, Aurélia 1854

Il est par ailleurs probable que Gérard de Nerval se soit rendu plusieurs fois dans la région au moment de l’écriture de Sylvie et d’Aurélia.

Voici quelques images de Mortefontaine telle que l’écrivain l’a connue :

Mortefontaine s’est depuis agrandie, comptant prêt de 850 habitants en 2016. Elle reste cependant une petite ville entourée de bois et de champs et a rendu hommage à cet homme devenu l’un des grands écrivains français en renommant la rue de son enfance et en donnant le nom d’une de ses oeuvres à la place faisant face à l’entrée du château.

Plaque Gérard de Nerval, place Sylvie, Mortefontaine Challenge AZ lettre E
Fronton commémoratif Gérard de Nerval, Place Sylvie, Mortefontaine

Le prochain article nous permettra de nous attarder un peu plus sur le château qui a tant marqué Gérard de Nerval, je vous retrouve donc demain pour la lettre F.

Sources :