Challenge AZ : Lettre R comme Récompense ou ROUSSET
La récompense
Du XIXe jusqu’à 1968, il était courant dans les écoles d’offrir une récompense aux élèves méritants à la fin de l’année. Cette cérémonie était appelée « distribution solennelle des prix » et se pratiquait aussi bien dans les établissements laïcs que privés. Dans la majorité des cas, il s’agissait de livres que l’on trouve encore régulièrement. Il est assez facile de les reconnaitre car ils comportent sur la deuxième de couverture une petite fiche collée mentionnant le nom de l’élève, la date, le lieu et le nom de l’institution remettant le prix, ainsi que la ou les matières récompensées.
J’ai eu la chance de retrouver le prix offert à mon arrière-grand-père, Raoul Léon LE BOUTEILLER, à l’occasion de son Certificat d’études.
Grâce à cette récompense, j’ai pu obtenir plusieurs informations sur la scolarité de Raoul. La première est qu’il a été placé dans une institution privée à Montrouge, réservée aux garçons, tenue par les frères ROUSSET. La deuxième qu’il a obtenu son Certificat d’études en 1913 à l’âge de 12 ans.
Il ne faut pas croire qu’il était courant d’obtenir ce diplôme, en effet seuls les bons élèves étaient présentés à l’examen par les instituteurs. On estime donc qu’un tiers seulement des élèves d’une classe en étaient titulaires. Ce diplôme, s’il garantissait des apprentissages solides en lecture, écriture, orthographe et calcul, se contentait aussi de connaissances très minces en sciences, en histoire et en géographie. Cependant ce 1er prix indique que Raoul n’était plutôt doué en classe, en particulier lorsqu’on voit la liste des matières pour lesquelles il a obtenu ce livre :
- Instruction morale,
- Écriture,
- Arithmétique,
- Système métrique,
- Rédaction,
- Grammaire,
- Récitation,
- Histoire,
- Sciences,
- Bonne conduite.
L’institution des frères ROUSSET
Je ne sais pas quand l’institution des frères ROUSSET a été créée mais il s’agissait comme son nom l’indique d’une école tenue principalement par deux frères nommés ROUSSET, située rue Couprie à Montrouge au début du XXe siècle.
Uniquement réservée aux garçons, cette école privée et catholique était, d’après les dires de mon arrière-grand-père, très stricte. Il s’agissait d’un pensionnat, mais je ne sais pas si tous les garçons étaient internes ou si ceux qui n’habitaient pas très loin rentraient chez eux le soir. Qui dit pensionnat, dit draps et uniformes à laver, c’est sans doute pourquoi l’établissement possédait sa propre lingerie.
La rue Couprie ne se trouve qu’à 500 mètres de l’appartement, et donc de la boucherie, dans lequel vivaient Raoul et son père Alfred Victor LE BOUTEILLER (encore lui).
Cette rue n’a aujourd’hui plus rien à voir avec celle qu’à connue mon arrière-grand-père et les bâtiments de l’Institution ont aujourd’hui disparus.
Si vous cliquez sur la carte postale pour l’agrandir, il est très probable que le garçon le plus grand au premier plan sur le trottoir soit Raoul. Il ressemble en effet beaucoup aux photos de lui à cet âge conservées dans ma famille. Mais cela demanderait confirmation.
Les salles de classe ne semblaient pas différer de celles de l’enseignement public, quoi qu’il y avait sans doute moins d’élèves chez les frères ROUSSET. A l’époque une classe publique comptait, en ville, entre 30 et 50 élèves.
La première image est particulièrement intéressante pour l’étude du parcours de Raoul, puisqu’il s’agit sans doute de la salle dans laquelle il a étudié pour son Certificat d’études.
Outre l’enseignement théorique, la santé physique des élèves était importante, c’est pourquoi des cours de gymnastique étaient organisés dans la cour de l’école. Peut-être est-ce dans cette même cour que la cérémonie de remise des récompenses a été organisée, en 1913, lorsque Raoul a reçu son prix.
La scolarité de nos ancêtres, lorsqu’ils ont pu bénéficier d’une instruction, est parfois difficile à retracer pour nous. Avec ce livre et le diplôme qui l’accompagne, j’ai pu avoir une meilleure idée de ce qu’a été l’enfance de Raoul et des conditions dans lesquelles il a étudié.
Les sites comme Delcampe, Généanet ou même les Archives Départementales des Hauts-de-Seine m’ont été d’une aide précieuse pour retrouver des images de cette époque, avec en bonus la probable photo de Raoul devant l’Institution des frères ROUSSET.
C’est sympa ces recherches pour vous rapprocher de votre aïeul ! Je connais les livres reçus par mes grands-parents et celui de ma mère : Le dernier des Mohicans. Elle m’a toujours dit que ce livre lui faisait peur et qu’elle ne l’a pas aimé.
Merci beaucoup pour ce commentaire. J’essaye en effet d’en apprendre le plus possible sur la vie quotidienne de mes ancêtres pour essayer de mieux me représenter leur vie.
Comme Pascale dans le premier commentaire, nous avons ce type de livre apparemment peu lu, car il ne correspondait pas au goût de celui qui l’avait reçu. J’ai entendu un cousin dire qu’il était déçu d’avoir gagné un livre inintéressant à ses yeux. II est vrai que la littérature jeunesse était moins riche qu’aujourd’hui.
Je ne sais pas si il y avait vraiment de la littérature jeunesse en 1913, mais c’est sûr qu’il devait y avoir beaucoup moins de choix.