Challenge AZ Lettre J comme Albert Charles Joseph CHÉRON
Lettre J comme Albert Charles « Joseph » CHÉRON, mort pour la France
En ce lendemain de 101e anniversaire de l’Armistice, je souhaite rendre hommage aux hommes tombés au combat pour défendre leur pays. Je n’ai, heureusement, pas de « Mort pour la France » dans ce conflit dans mes ancêtres directs, ma famille ayant été relativement épargnée par cette Guerre, les hommes étant soit trop âgés, soit trop jeunes pour participer plus de quelques mois au conflit. C’est du côté des cousins que je me suis tournée. Les combats ont fait tellement de victimes que je n’ai pas eu à chercher bien loin pour trouver un de ces garçons partis trop tôt. C’est donc d’Albert Charles Joseph CHÉRON dont je vais vous parler aujourd’hui dans ce Challenge.
Comme beaucoup d’hommes réquisitionnés, il est né dans les années 1890, le 19 mars 1895 pour être exacte. Ses parents sont Désiré Albert Joseph CHÉRON, neveu de Françoise Josephine CHÉRON dont nous avons déjà parlée, et Léopoldine BEAUTRY, jeune femme belge, venue dans le hameau de Montaby de la commune de Mortefontaine avec la famille de son premier époux, Charles Louis D’HOKER. C’est dans ce hameau, situé au Nord-Ouest de Mortefontaine, qu’Albert Charles Joseph voit le jour à 2h30 du matin.
Il faut noter que ses parents exercent le métier de marchands forains, ce qu’aucun autre membre de la famille ne semble faire. Je sais qu’il existe des archives particulières pour le monde forain, mais je n’ai jamais eu le temps de m’y plonger, j’ajoute donc ces recherches à la longue liste de celles que je dois encore mener.
L’an mil huit cent quatre vingt quinze le dix neuf mars à quatre heures du soir, pardevant nous CHANTRIER Adolphe, adjoint, remplissant pour le maire absent et par délégation les fonctions d’officier de l’état civil de la commune de Mortefontaine canton et arrondissement de Senlis, Oise, est comparu le sieur CHÉRON Désiré Albert Joseph, marchand forain, âgé de vingt huit ans dix mois, domicilié à Montaby section de cette commune, lequel nous a présenté un enfant du sexe masculin, né en son domicile aujourd’hui dix neuf mars à deux heures et demie du matin, de lui déclarant et de Léopoldine BEAUTRY, marchande foraine, âgée de trente sept ans deux mois domiciliée avec lui, son épouse ; et auquel enfant il a déclaré vouloir donner les prénoms de Albert Charles Joseph. Les dites déclarations et présentations faites en présence des sieurs BOURDUGE Gervais, maçon, âgé de quarante sept ans, et FÉVÉ Auguste Adolphe, serrurier âgé de vingt neuf ans, tous deux domiciliés en cette commune, rue du Val. Et ont les père et témoins signé avec nous le présent acte de naissance après lecture faite.
Transcription acte de naissance d’Alfred Charles Joseph CHÉRON
Il reste chez ses parents jusqu’à l’âge de 19 ans, exerçant le métier de mécanicien dans la région de Mortefontaine. Mais en 1914 la Guerre éclate et les hommes sont réquisitionnés. L’armée manque de bras, les morts se comptent par milliers sur le front, on n’hésite pas à recruter les jeunes un peu avant l’année de leurs 20 ans. C’est ainsi qu’Alfred Charles Joseph arrive au corps du 161e Régiment d’Infanterie le 18 Décembre 1914. Alors basé dans la Meuse, il participe pour la première fois au combat dans le Bois de la Selouze appartenant à La Croix-sur-Meuse. Le 161e Régiment d’Infanterie part dès le mois de Janvier 1915 pour soutenir les troupes de la Marne et prend position dans le bois de la Gruerie sur la commune de Vienne-le-Château.
Le régiment s’enlise dans ces tranchées subissant le feu ennemi de plus en plus intense à mesure du développement de l’artillerie et des obus allemands. C’est après l’explosion de l’un d’eux, le 14 Avril 1915, qu’Alfred Charles Joseph est gravement blessé aux jambes.
Voici ce que l’on peut lire sur les journaux de marche du service de santé du 161e Régiment d’Infanterie au lendemain de ce jour.
On peut voir qu’il y a 179 blessés évacués à cette date, Albert en faisait certainement parti. Il est transféré à l’hôpital militaire Dominique Larrey de Sainte-Menehould dans la Marne. Le verdict est sans appel : « Plaies multiples, fracture du péroné gauche, plaies anfractueuses (profondes et irrégulières) cuisse droite, infection secondaire par éclat d’obus« . Il décède des suites de ses blessures dix jours plus tard, le 24 avril 1915.
Son acte de décès sera transcrit le 19 juin 1915 à Mortefontaine, sa ville natale. Je n’ai à ce jour pas encore pu récupérer cet acte mais il est sur la liste des recherches à faire pour ma prochaine visite aux Archives.
A ce jour, je n’ai pas encore pu retrouver sa tombe, elle n’apparaît pas dans la base des sépultures de guerre du site Mémoire des Hommes et je ne l’ai pas vue en me rendant au cimetière de Mortefontaine (ne la cherchant pas spécialement, il est possible que je sois passée à côté sans la voir), mais son nom est visible sur le monument aux morts de la ville.
A travers cet article, c’est à tous les participants de cette guerre (morts au combat ou non) que je rends hommage, pour ne pas oublier ce qu’ils ont sacrifié pour nous.
Je vous retrouve demain pour la lettre K.
C’est un bel hommage… Quel gâchis tous ces jeunes hommes morts au combat 😢
En effet, c’est important de ne pas les oublier.
Parti trop tôt effectivement… comme des millions d’hommes comme lui. C’est effroyable. Merci de lui rendre hommage pas cet article.
Cette guerre a en effet été un effroyable gâchis de vies. Quelque soit le « camps »