FAUNY Louis Frédéric, un marin trop pressé

26 mars 2021 0 Par elodie

Louis Frédéric FAUNY est un personnage singulier de ma généalogie. Pourquoi ? Parce qu’il aime visiblement sortir des traditions familiales…

Louis Frédéric voit le jour le 7 avril 1838 dans la commune de Saint-Michel-de-la-Pierre comme tous ses ancêtres paternels depuis au moins 1650. Ses parents, Laurent Pierre Paul FAUNY et Marie Françoise VAUTIER, demeurent dans le village de la Morinière. Avant-dernier enfant d’une fratrie de cinq, il est élevé dans la maison familiale et son avenir semble tout tracé : devenir laboureur/cultivateur comme tous les hommes de sa famille avant lui.

Carte de Saint-Michel-de-la-Pierre

Le 15 août 1860, son père, Laurent, décède. Les biens sont partagés verbalement entre les enfants du couple. Les deux filles n’ont sans doute pas eu grand-chose, car déjà mariées, elles ne résident plus avec leur famille depuis l’année précédente.
Restent les trois fils :
Pierre Jean Baptiste garde visiblement la ferme puisqu’on le retrouve tout au long de sa vie à la Morinière.
Jean Baptiste (mon ancêtre), le petit dernier, demeure encore quelques années à Saint-Michel-de-la-Pierre avant de tenter sa chance dans la commune de Saint-Nicolas-de-Coutances où il rencontre sa femme.

Louis Frédéric quant à lui, semble vouloir chercher fortune ailleurs. Le travail dans les champs, très peu pour lui. Il rêve de grands horizons et de liberté. Il part donc à 25 kilomètres de là, à Regnéville-sur-Mer. La commune possédant un petit port, il s’engage comme marin. Fini le travail de la terre ! A lui l’océan et les voyages !

A-t-il eu une femme dans chaque port ? Je n’en ai aucune idée, mais c’est sans doute sur un bateau qu’il noue des liens avec son futur beau-père, Jacques Auguste ESNOL, lui aussi marin à Regnéville. Son union avec Rosalie Françoise est célébrée le 24 juin 1863 à la mairie et le lendemain dans la petite église Saint-Etienne de Grimouville en présence de sa mère et de ses frères et sœurs.

Eglise Saint-Etienne de Grimouville, Regnéville-sur-Mer
Eglise Saint-Etienne de Grimouville, Regnéville-sur-Mer

Ses absences prolongées en mer jouent sans doute un rôle dans l’arrivée tardive d’enfant pour le couple. Ce n’est qu’en janvier 1867, que Rosalie tombe enceinte.

Le 3 février suivant, Louis Frédéric, maître au cabotage, est à Dunkerque pour superviser le chargement du sloop « Alfred Eugène » dont il a le commandement. Le bâtiment, armé par Marie Célestin LEROUGE, transporte diverses marchandises jusqu’à Granville au sud de Regnéville-sur-Mer.

Edouard LUCE, également capitaine originaire de Regnéville, de passage à Dunkerque, s’enquiert de l’avancement du projet. Il met en garde Louis Frédéric contre le temps mitigé qui risque de tourner dans la nuit. Mais celui-ci lui répond qu’il ne préfère pas s’attarder et est ennuyé de rester dans la ville du Nord, car il est attendu chez lui. Sa femme lui a-t-elle déjà annoncé la bonne nouvelle ? Se doute-t-il de quelque chose ? Quoiqu’il en soit, il ne reculera pas son départ.

Il embarque donc avec Jacques POULET, Victor JAMES de Granville, Félix Bienaimé FAUVEL de Regnéville et Joseph ESQUIRENT de Paimpol avec la marée. Comme annoncée par le sieur LUCE, la tempête se lève au cours de la nuit, les côtes françaises sont balayées par de fortes rafales de vent et la mer se déchaîne… Ce sera malheureusement la dernière fois que l’on verra l’Alfred Eugène et son équipage… Après plusieurs semaines d’attente, les familles des marins se résignent à porter le deuil. Le sloop et sa cargaison sont portés disparus corps et biens et les assurances remboursent l’armateur et les propriétaires des marchandises. L’équipage est rayé des registres maritimes dès le 21 février.

Image de naufrage

Ce naufrage laisse au moins quatre veuves, six orphelins et deux enfants à naître. Rosalie ESNOL n’est pas la seule veuve enceinte, Jeanne BERNIER, épouse de Victor JAMES doit aussi accoucher en septembre.

Rosalie met au monde un petit Louis Paul le 7 septembre 1867 et Jeanne accouche de Victorine 7 jours plus tard.

Après quatre années de veuvage, Rosalie se remarie le 9 février 1871 avec Louis Désiré HUGUET. C’est à cette occasion que le jugement du décès de Frédéric FAUNY est prononcé le 25 janvier 1871. Suivent ceux de Jacques POULET, le 31 décembre 1874, Félix Bienaimé FAUVEL, le 19 mars 1883 et Victor JAMES le 11 novembre 1884 qui s’appuient tous sur le décès de Frédéric FAUNY. Je n’ai pour l’instant pas retrouvé d’information sur le dernier marin : Joseph ESQUIRENT.

Sources :