Généathème : Histoire d’argent
Ce mois-ci encore, l’équipe de Généatech nous propose un Généathème intitulé : « histoires d’argent ». Pour aborder ce sujet, je vais vous parler de Maximin CORNU et Rosalie HÉBERT, mes Sosas 62 et 63, originaires du Sud de la Seine-et-Marne, que j’ai déjà évoqués sur ce blog puisqu’il s’agit des parents de Marie Louise CORNU.
Replaçons nous un peu dans le contexte. Maximin CORNU, de son vrai prénom Louis Pierre, a épousé Rosalie en 1851 dans le petit village de Montigny-le-Guesdier. Le couple ne roule pas sur l’or, loin de là, mais en 1855 le père de Rosalie décède, laissant en héritage à sa fille quelques terres cultivables.
Un mauvais investissement ?
Après avoir touché l’héritage, les deux jeunes gens décident d’agrandir leur patrimoine en achetant de nouvelles terres.
Maximin, vigneron, jette son dévolu sur un petit lopin de vignes de 12 ares et 82 centiares, situé à Mousseaux-les-Bray, commune limitrophe de Montigny où il réside avec son épouse, lieu-dit Hurlevent ou La Justice, que le couple acquiert pour 325 francs, le 13 juin 1856, devant Maitre BLANC, notaire à Bray-sur-Seine.
Il est convenu que la somme doit être versée en quatre termes égaux le 1er juin des quatre prochaines années. N’ayant visiblement pas cette somme, le couple décide de contracter un emprunt de 300 francs, auprès de Joséphine SÉVENET, propriétaire célibataire de la commune voisine, Sergines. La transaction s’effectue devant Maitre ANCELOT le 11 novembre 1856. Ce prêt doit être remboursé dans les trois années et les biens des deux époux sont hypothéqués. En juillet 1864, ne voyant toujours pas son argent revenir, Mademoiselle SÉVENET décide de saisir un huissier afin de récupérer son dû. Le 14, Monsieur CHANTEREAU se présente donc à Montigny-le-Guesdier pour saisir les biens immobiliers du couple, biens figurant sur la matrice cadastrale des contributions foncières qui lui a été fournie par le Maire de la commune.
La saisie se compose comme suit :
– Une maison située à Montigny-le-Guesdier rue Blanche, sans indication de numéro, construite en pierres et terre couverte en tuiles. Cette maison consiste en une seule chambre basse à feu fournil à côté, grenier dessus, étable en suite, cave sous le jardin. Une cour non fermée devant ledit bâtiment dans laquelle est un puits. Un jardin au levant dont la haie est mitoyenne avec le presbytère de la commune à l’aspect du Nord. Le tout d’une contenance d’environ sept ares quatre-vingt-six centiares […]
– Huit ares cinquante-quatre centiares de terre, finage de Montigny-le-Guesdier, lieudit « La Dune de l’Orage » ou « Lauge » […]
– Douze ares quatre-vingt-deux centiares de terre même finage, lieudit « Génetois » […]
– Douze ares quatre-vingt-deux centiares de terre, mêmes terroir et lieu […]
– Neuf ares vingt-trois centiares de terre, même territoire, lieudit « Le chemin de Compigny » […]
– Cinq ares quatre-vingt-un centiares de terre même finage, lieudit « Blaise » […]
– Un are trente-sept centiares de vignes, lieudit « Les Paillardes » même finage […]
– Un are quatre-vingt-dix centiares de vignes, aux mêmes finage et lieudit […]
– Trois ares seize centiares de vignes aux mêmes terroir et lieudit […]
Afin de procéder à la vente, il faut convenir d’une date et publier les placards dans la presse locale pour prévenir de potentiels acquéreurs.
Un jugement du Tribunal de Provins en date du 22 septembre 1864 fixe les enchères au dimanche 6 novembre à midi dans la maison commune de Montigny et l’annonce apparait dans les Feuilles de Provins le 15 octobre.
Le jour des enchères arrive et un petit groupe de personnes se presse dans la salle où se déroulera la vente. On n’est pas venu de loin. Ce sont principalement des membres de la famille, des amis et des voisins du couple qui s’installent.
La maison, lot principal de la vente est d’ailleurs adjugée à Louis HÉBERT, frère de Rosalie, pour la somme de 1200 francs. Y a-t-il eu un arrangement entre eux par la suite ? C’est possible, car le couple restera encore quelques années dans cette maison.
Les différents lots restants sont répartis entre les voisins et membres plus où moins proches de la famille. Il s’agit surtout d’agrandir les terres car les acquéreurs possèdent déjà souvent un champ adjacent au lot mis en vente.
Au total la vente rapporte 1777 francs. Il faut bien sûr retirer les 300 francs dus à Mademoiselle SEVENET, ainsi que 105 francs des sept années d’intérêts et les différents frais notariaux s’élevant à 430,59 francs.
Il ne reste donc au couple que 941,41 francs sur cette vente.
Le 28 décembre suivant, le couple vend les vignes, point de départ de leurs dettes, pour 180 francs. Un bien mauvais investissement au regard des 325 francs déboursés pour ces terres quelques années plus tôt.
Un période compliquée
Outre leurs problèmes d’argent, la décennie comprise entre 1854 et 1864 a été très malheureuse pour le couple puisqu’ils ont vu la naissance et le décès de 6 enfants. Au moment de la saisie, Rosalie était enceinte d’une petite Rosalie qui voit le jour le 19 août et décède le 27 novembre, quelques jours après le vente.
Une période très sombre qui malheureusement ne s’arrangera pas beaucoup par la suite.
Mousseaux-les-Bray, Brau-sur-Seine, endroits que je connais pour y avoir vécu adolescente
Sinon, l’histoire est bien triste …
Oui, ce couple me tient particulièrement à cœur car c’est avec eux que j’ai vraiment commencé la généalogie, leur dernière fille étant mon AAGM. Je connaissais depuis un moment les nombreux décès dans la fratrie et le manque d’argent de la famille, mais ce n’est que très récemment que je suis tombée sur cette saisie.