Challenge AZ Lettre F comme la Baronne de Feuchères
Lettre F : Comme la Baronne de Feuchères, Sophie DAWES
Pour cette nouvelle lettre du challenge AZ, restons encore une peu à Mortefontaine, mais concentrons-nous cette fois sur son château. Ce même château dont le jardin communique par une porte avec celui d’Antoine BOUCHER, oncle de Gérard de Nerval.
Construit entre 1600 et 1630 pour Philippe HOTMAN, seigneur de Plailly-Montméliant. C’est Joseph BONAPARTE, frère de Napoléon, qui l’achète le 20 octobre 1798 et lui donne ses heures de gloire. Il décide de le vendre lors de son exil en 1827 à Louis VI Henri Joseph de BOURBON-CONDÉ, dernier prince de CONDÉ.
Sophie DAWES
Ce nom ne vous dit peut-être rien, pourtant ce fut l’une des figures mondaines les plus importantes de son époque.
Née à Saint Helens dans l’ile de Wight le 29 septembre 1790, fille de Richard DAWES, pêcheur et contrebandier d’alcool, rien ne la prédestinait à entrer dans la noblesse française. Elle est envoyée à Londres comme courtisane ou « servante » dans un maison close. C’est ainsi qu’elle rencontre le prince de CONDÉ, alors en exil en Angleterre et habitué des lieux, et devient sa maitresse malgré leur grande différence d’âge (34 ans).
A la Restauration en 1815, le couple rentre en France, mais Henri, marié, ne peut décemment pas présenter officiellement Sophie. Il organise donc le mariage de sa jeune maitresse avec Adrien Victor FEUCHÈRES, son aide de camps, le 6 août 1818, en la faisant passer pour sa fille naturelle. Afin de lui permettre d’accéder à la Cour, il fait nommer le couple baron et baronne de FEUCHÈRES le 31 août 1819. Mais en 1822, Adrien finit par découvrir leur véritable lien. Humilié, il impose à Sophie une séparation officielle en 1824. L’esclandre qui s’ensuit interdit à Sophie de paraître à la Cour.
Ce n’est pourtant pas la fin de la relation entre la baronne de FEUCHÈRES et le prince de CONDÉ. Le 29 août 1829, après plusieurs années de manoeuvres, Sophie obtient du prince la rédaction d’un testament en sa faveur lui accordant :
- la somme de 2 millions de francs
- le château de Saint-Leu et son parc
- le château et domaine de Boissy à Taverny
- la forêt de Montmorency
- le domaine de Mortefontaine
- le pavillon qu’elle occupait au Palais-Bourbon
- le château d’Écouen à la condition d’en faire un orphelinat pour les enfants des soldats des armées de Condé et de Vendée
Le 27 août 1830, le prince de CONDÉ est retrouvé pendu dans d’étranges conditions et Sophie est immédiatement soupçonnée même s’il est impossible de prouver sa culpabilité. Cependant, ce scandale l’oblige à se retirer dans sa propriété de Mortefontaine. Elle commence alors à racheter quelques maisons et terrains autour du château, parmi lesquels la maison d’Antoine BOUCHER ainsi que ce qui deviendra plus tard la boucherie de ma famille.
Sophie repart finalement pour Londres et revend une grande partie de ses propriétés françaises à l’exception notable du château. À son décès le 15 décembre 1840, à Londres, n’ayant pas de descendance, c’est sa filleule, Sophie THANARON, qui hérite de la propriété.
Après de multiples changement de propriétaires, le château est aujourd’hui une école privée sous contrat appartenant à l’ordre des Dominicain.
Je vous dis à demain pour la lettre G avec laquelle nous approfondirons un peu plus l’histoire de ma famille dans cette commune.