Nicolas FAUNY et Marie VILQUIN envers et contre tous
Nicolas FAUNY et Marie VILQUIN sont originaires d’une petite commune de la Manche nommée Saint-Michel-de-la-Pierre.
Marie, fille de François VILQUIN et Françoise FAUNY, voit le jour vers 1664. Elle a au moins trois frères et une soeur sans doute plus jeunes qu’elle.
Environ, deux ans plus tard, dans une maison proche de celle de Marie, c’est au tour de Suzanne LAIGNEL, femme de Michel FAUNY, de mettre Nicolas au monde. Si ce couple a eu d’autres enfants, ils sont sûrement décédés avant 1694, année du premier registre de la commune.
Les deux familles se connaissent bien, non seulement par la proximité de leurs demeures mais également parce que les grands-pères de Nicolas et Marie sont cousins germains.
En grandissant, Nicolas vient régulièrement aider comme domestique chez les VILQUIN, il est logé sur place avec les enfants du couple. Vivant et travaillant ensemble, Nicolas et Marie se rapprochent petit à petit sous l’oeil désapprobateur de leurs familles, qui ne manquent pas de leur rappeler leur lien de parenté.
Mais vers 25 ans, leurs sentiments deviennent trop forts et ils se fréquentent plus assidûment et ouvertement. Louis VILQUIN, frère de Marie, dira d’ailleurs à ce propos lorsqu’il sera interrogé sur leur relation :
« J’ai depuis longtemps remarqué les recherches de Nicolas et de Marie avec les familiarités coutumières entre personnes qui prétendent à se marier ensemble »
Quatre à cinq ans plus tard, Nicolas trouve enfin le courage d’affronter sa famille et demande Marie en mariage. Tout le village étant au courant, il serait désormais impossible de trouver un parti convenable pour la jeune fille. C’est donc à regret que François VILQUIN consent à leur union, mais seulement contre la signature d’une promesse écrite de mariage. Ce qui fut fait en mars 1694.
Mais tout n’est pas encore gagné pour le jeune couple. L’approbation de la famille ne suffit pas pour pouvoir célébrer le mariage. Il faut maintenant obtenir une dispense de l’Eglise pour leur consanguinité au quatrième degré suivant les lois canoniques.
Impossible au vu de leurs finances de faire le voyage à Rome pour obtenir cette dispense du Pape. Heureusement, l’Evêque de Coutances est parfaitement apte à la leur donner au nom du Chef de l’Eglise. Une enquête est bien sûr menée dans les règles. Les futurs époux ainsi que leurs parents proches sont convoqués, le 17 septembre 1694, par le curé de la commune voisine de Périers.
Tous répètent la même chose : Oui, les deux amoureux sont au courant de leur lien de parenté… Non, les familles n’étaient pas ravies de cette relation, mais rien n’y a fait… Leurs maisons étaient trop proches, impossible de les empêcher de se voir… Depuis le temps leur relation paraît sérieuse, ils sont capables de fonder un foyer… Nicolas a même accepté de signer une promesse de mariage… Et maintenant c’est trop tard pour trouver un époux pour Marie…
L’argumentaire doit être semblable à beaucoup d’autres, au moins ne font-ils pas semblant de découvrir leur lien après la publication des premiers bans. L’Evêque de Coutances accepte donc de délivrer la précieuse dispense et le 5 octobre leurs noces sont finalement célébrées.
Nicolas et Marie n’ont pas eu d’enfant. Marie décède 36 ans plus tard, le 5 mai 1730.
Un mois après, Nicolas, âgé de 64 ans, se remarie avec Julienne LE CAMPION qui n’a que 27 ans. Une petite Marie naîtra de leur union le 18 avril 1731. Malheureusement, Nicolas décède le 1er septembre 1731, quelques jours avant sa fille qui meurt le 5.
Conclusion
Cet article est écrit dans le cadre du mois Généatech et plus particulièrement pour la thème Saint-Valentin de la deuxième semaine.
En cherchant un sujet pour ce billet, je n’ai rien trouvé de très intéressant à raconter autour de la date du 14 février. J’ai bien quelques mariages, naissances et décès pour cette date, mais je n’ai pas spécialement matière à écrire dessus.
Je me suis donc penchée sur le thème de l’amour.
Les histoires d’amour ne finissant pas toujours mal (contrairement à celle de Valentine CHÉRON), j’ai voulu parler d’un homme et d’une femme s’étant réellement aimés. Difficile d’avoir cette certitude pour nos ancêtres, surtout aussi lointains, à une époque où les mariages arrangés étaient fréquents.
Mais la dispense de mariage de Nicolas et Marie est assez explicite et me permet par la même occasion de faire d’une pierre deux coups en présentant une source peu connue (thème de la première semaine du Mois Généatech, pour lequel je n’ai pas eu le temps de faire d’article). Ces documents ne sont cependant que très rarement numérisés (Manche, Oise par exemple), il faut donc se rendre aux Archives Départementales pour pouvoir les consulter. Ce sont de vraies mines d’informations sur la vie de nos ancêtres, sur le contexte de leur union et ils permettent également de remonter dans l’arbre généalogique en mettant en évidence des liens dont la trace a disparu.
Voici l’arbre que j’ai pu reconstituer uniquement grâce aux informations contenues dans la dispense :
Sources :
Ça fait partie des documents les plus émouvants et les plus intimes que l’on peut retrouver sur nos ancêtres 😍
Oui, même si parfois les dispenses sont beaucoup plus factuelles. J’ai trouvé qu’il y avait vraiment beaucoup de détails sur le couple dans celle-là.
Les archives du Pas-de-Calais ont mis en ligne de nombreuses de ces dispenses. J’ai été étonnée et ravie de pouvoir trouver une ou deux générations supplémentaires dans certains cas et de confirmer que deux individus étaient vraiment frères ce que jusque là je n’avais pu prouver.
Ah je ne savais pas pour ce département, je n’ai jamais eu de recherche à y faire. C’est grâce à cette dispense que j’ai pas remonter sur mon arbre en comparant la signature de l’oncle de Marie, Dénis FAUNY, avec celle de mon ancêtre et confirmer qu’il s’agissait bien de la même personne.