Challenge AZ lettre M comme Montméliant
Lettre M comme Montméliant, l’histoire d’une auberge
Aujourd’hui encore je vous emmène dans un hameau, celui de Montméliant (ou Montmélian) appartenant à l’enclave de Mortefontaine dans la commune de Plailly, à la limite de Saint-Witz (95) ce qui conduit parfois à quelques confusions pour savoir à quelle ville le rattacher.
Le bâtiment qui nous intéresse aujourd’hui est une auberge située sur la route de Plailly à Louvres, à l’angle de l’avenue des Vignes. Si je n’ai pas encore réussi à définir son emplacement exact (les actes étant toujours aussi avares d’informations cadastrales), voici ce à quoi ressemblait la maison.
La première mention de cette maison que j’ai trouvée se trouve dans l’acte de succession d’Irene Alexandre Ange CHALOT.
Puis dans le Courrier de l’Oise en date du 28 Décembre 1902, dans le même article que la maison des Gendarmes.
Ayant récupéré l’acte de vente en question, je vous propose donc de remonter le temps et de faire la découverte de ses différents propriétaires.
Après la mort d’Irene, la propriété de Montméliant est mise aux enchères afin de régler la succession suivant un jugement rendu par le Tribunal Civil de Senlis en date du 23 Avril 1902. La description donnée dans l’acte de vente est, mots pour mots, la même que celle de l’annonce du journal :
« Une maison à usage d’auberge sise à Montméliant, commune de Plailly (Oise) sur la route de Plailly à Louvres, à l’angle de l’Avenue des vignes, consistant en Principal corps de bâtiment comprenant, au rez de chaussée, salle à boire, salle à manger buvette, cuisine, cabinet et deux chambres à coucher. Au premier étage deux chambres à coucher et grenier régnant sur partie de la maison, couvert en tuiles, cave sous partie de la maison ayant deux entrées, l’une par la cour et l’autre dans la cuisine, écuries en sous sol sous partie de la maison. Autre écurie dans le fond de la cour, buanderie, bûcher, puits, toit à porc, poulailler, cabanes à lapin, greniers à fourrages au dessus de l’écurie couvert en tuiles. Autre bâtiment donnant sur la Grand route à usage de bûcher jardin sur un côté de la cour. L’ensemble tient par devant à la route, par derrière et d’un côté à l’avenue des vignes, d’autre côté à Fabien GROUY. »
La maison, mise à prix 2000 francs, sera finalement remportée par un certain Paul SEGARD, graveur sur cristaux, demeurant au 72 faubourg Saint-Denis à Paris, pour la somme de 3600 francs.
Si l’acte nous apprend à qui a appartenu la maison après cette vente, il peut surtout nous en apprendre beaucoup plus sur ses occupants. Intéressons-nous donc à l’origine de la propriété.
On apprend ainsi que la maison a été achetée par le couple CHALOT-CHÉRON le 13 Novembre 1895 à Monsieur Louis François Joseph CHÉRON, marchand de vins, et à Madame Eugénie Victoire LORIN, son épouse, suivant un acte passé devant Maitre DRIARD, notaire à Senlis, pour la somme de 4000 francs. Les documents déposés par ce notaire ayant été détruits dans un incendie, il est impossible de se procurer l’original de l’acte, en revanche une recherche sera tout à fait possible dans les hypothèques comme le montre la case d’Irene CHALOT (dont nous nous sommes déjà servie).
On s’aperçoit également que si Irene CHALOT et sa femme sont devenus propriétaires de la bâtisse, Louis François Joseph et sa femme en reste les usufruitiers et habitent donc toujours la maison. Il y a donc une clause lors de la vente aux enchères stipulant qu’il n’est pas possible de mettre Monsieur CHÉRON dehors tant qu’il est en vie (son épouse étant décédée), comme convenu lors de la vente de 1895.
Comme je l’ai déjà signalé, Irene CHALOT a la fâcheuse tendance à acquérir les propriétés appartenant à de la famille proche, en effet, Louis François Joseph n’est autre que le frère de Françoise Joséphine et également le père de Zéline Alix, à qui Iréné avait acheté la maison des Gendarmes.
Le couple CHÉRON-LORIN a lui-même acheté la propriété aux héritiers de Victor Louis Augsustin FOUARD et de Cécile Alexandrine SEURAT, précédents occupants décédés, à savoir Charles Denis, Amanda Florentine et Julie Edna FOUARD leurs enfants. La transaction s’est faite avec l’accord de leur tuteur Antoine Pierre LORIN, qui n’est autre que le père de Victoire Eugénie LORIN. De là à dire qu’il y a eu conflit d’intérêt, il n’y a qu’un pas. Cet acte a été passé devant Maitre MOREL, notaire à Senlis (dont les documents ont aussi été détruits), le 2 Décembre 1872 contre la somme de 3566 francs.
Encore une fois, si l’acte d’achat permet de se faire une meilleure idée de ce à quoi ressemblait l’auberge, c’est surtout un tableau des relations entre les familles que nous pouvons retrouver au travers de cette transcription.
Je vous retrouve demain pour la lettre N.