Challenge AZ : Lettre N comme Numéro de matricule
Aujourd’hui nous allons parler d’une des sources les plus utilisées après l’Etat civil pour retracer la vie des hommes de notre généalogie : les fiches matricules. Impossible d’y retrouver une femme puisque le service militaire était réservé aux hommes.
La fiche matricule est un résumé de la période passée sous les drapeaux. En plus des informations purement militaires, c’est une source très utile de renseignements sur d’autres plans : physique, résidence, métier et parents lorsque l’acte de naissance est manquant.
L’année de ses 20 ans, chaque homme doit être inscrit sur les listes de recensement militaire de sa commune. Si la « conscription universelle et obligatoire » existe depuis 1798, ce n’est qu’en 1872, après la défaite de la guerre franco-prussienne, qu’une fiche ainsi qu’un numéro de matricule sont attribués une fois pour toutes au conscrit. Ces fiches sont consultables sur les sites des Archives Départementales et commencent pour la plupart en 1867.
Retrouver une fiche matricule
Pour retrouver celle qui correspond à un ancêtre, il faudra se reporter à la liste alphabétique du bureau de recrutement de son lieu d’habitation pour l’année de ses 20 ans. Cette liste nous permettra de retrouver le numéro de matricule et de pouvoir consulter sa fiche (elles sont classées par numéros).
Par exemple Alfred Jean Baptiste FAUNY (mon AAGP dont je vous ai parlé dans un article sur les ébénistes) est né à Coutances le 12 avril 1876. Son bureau de recrutement se trouve donc à Saint-Lô et il appartient à la classe de 1896 :
Nous pouvons voir à la fin du registre, dans la table alphabétique (parfois la table est séparée du registre), qu’Alfred a le numéro matricule 880. En recherchant la fiche 880, on retrouve bien sûr la sienne :
Informations générales
Passons maintenant en revue les différentes informations qui peuvent être contenues dans ces fiches avec plusieurs exemples.
Comme nous le voyons sur la fiche d’Alfred, elles contiennent, dans la cadre sous le nom, des informations sur son État civil :
- Date et lieu de naissance ;
- Lieu de résidence au moment du recensement ;
- Profession ;
- Noms et lieu de résidence des parents (avec la mention décédé ou non) ;
- Nom de la conjointe si l’homme est déjà marié.
Dans le deuxième cadre à droite une description physique plus ou moins utile. Parfaite pour connaître la taille et la couleur des yeux et des cheveux de notre ancêtre, mais pour ce qui est de la forme du visage, etc… c’est beaucoup plus vague.
Nous pouvons aussi en savoir plus sur le degré d’instruction:
- 0 : ne sait ni lire ni écrire ;
- 1 : sait lire seulement ;
- 2 : sait lire et écrire ;
- 3 : possède une instruction primaire plus développée ;
- 4 : a obtenu le brevet de l’enseignement primaire ;
- 5 : bachelier, licencié, etc. (avec indication de diplôme) ;
- X : dont on n’a pas pu vérifier l’instruction.
Informations sur le parcours militaire
C’est dans la deuxième partie, et plus particulièrement dans les trois grosses parties à gauche, que nous allons retrouver le détail du parcours militaire du conscrit. Avec des distinctions entre l’armée active, la disponibilité et la réserve. Seront indiquées les affectations, périodes d’exercices, campagnes militaires, blessures, citations… Dans le cadre en haut à droite nous pourrons retrouver un résumé des affectations.
Attention cependant, si la grande majorité des fiches est exacte, il peut y avoir des erreurs, car ces fiches sont le plus souvent créées après coup. Celle d’Alfred FAUNY date de 1921. Ainsi nous apprenons qu’il a participé à la Première Guerre Mondiale avec le Groupe Territorial du 2e Régiment d’Artillerie à pied, or, d’après certains sites, ce régiment aurait été dissout début 1914…
Nous constatons que beaucoup d’informations barrées sur la fiche d’Alfred, en particulier en ce qui concerne les dates de passage dans la réserve ou de libération du service. Il faut garder à l’esprit que le nombre d’enfants permettait de « changer » de classe de recrutement. Plus l’homme avait d’enfants, plus tôt il était libéré de son devoir envers la France. Ainsi, Alfred, père de 6 enfants en 1915, a pu retourner dans son foyer avant la fin de la guerre. Il était déjà passé de la classe de 1896 à 1892 (voir première image), puis dans celle de 1887 (deuxième image, avec de très bons yeux).
Informations sur le domicile
La fiche matricule d’Alfred n’étant pas renseignée sur ses domiciles successifs, je vais prendre l’exemple de Julien Arthur VÉRITÉ (un de mes autres AAGP). Il fait partie de la classe 1899 de Beauvais.
Nous voyons tout de suite l’utilité de cette fiche pour suivre un ancêtre ayant un peu la bougeotte.
Quelques points particuliers sur les fiches matricules
Tout homme, même exempté de service militaire pour des raisons de santé, a une fiche matricule. Voici l’exemple d’André VÉRITÉ, fils de Julien, qui boitait et n’a donc pas fait son service :
Le nom barré en haut de la fiche indique que l’homme est décédé avant la fin théorique de sa période de mobilisation.
A la lumière de tous ces exemples, les fiches matricules, plus ou moins bien renseignées, présentent néanmoins toujours un intérêt pour le généalogiste.
c’est vrai que ces fiches matricules nous aident beaucoup ! il faut juste savoir bien les regarder !
Source à ne pas négliger. Merci pour ces rappels.
Un texte très riche d’informations que je vais pouvoir transmettre à mes « généalogistes en herbe » avec référence de votre blog. Merci !