16 AAGP : Julien Arthur VÉRITÉ et Marie Cléore Alphonsine LENGLET

17 septembre 2019 0 Par wolfram20

Aujourd’hui nous allons parler d’un autre couple de mon projet 16AAGP : Julien Arthur VÉRITÉ et Marie Cléore Alphonsine LENGLET (mes sosas 24 et 25), originaires de Beauvais dans l’Oise et de Fieffes dans la Somme. Contrairement aux premiers ancêtres présentés dans ce projet, je n’ai que très peu de témoignages directs de ma famille. Il a donc fallu que je creuse des sources autres que celles de l’État Civil ou des recensements pour avoir quelque chose à vous mettre sous la dent.

Julien Arthur VÉRITÉ

Partons d’abord pour Beauvais, dans une modeste famille vivant au 2 rue de la Mare à Gallet. Charles Nicolas Eugène VÉRITÉ, le père, est maçon, sa femme Eugénie Marie DELALANDE est lingère et femme de journée. Ils ont respectivement 26 et 30 ans lorsque naît Julien Arthur le 9 février 1879. Il est accueilli par son frère Eugène Victor Alfred, de deux ans son aîné, mais il ne connaitra jamais sa grande sœur Charlotte Marie, décédée à l’âge de 21 jours en 1876.

L’appartement devenant sans doute trop petit pour un couple ayant déjà deux enfants et souhaitant en accueillir d’autres, la famille déménage au 15 rue du Grenier à Sel, dans le centre de Beauvais.

Naîtront ensuite deux sœurs : Marie Charlotte en 1880 et Claire Félicie en 1883. 

Même si le travail est difficile et l’argent rare, leur vie ressemble probablement à celle de la majorité des familles de l’époque. 1885 et 1886 vont cependant marquer un tournant dans la vie de Julien. C’est d’abord son père, Charles, qui s’éteint brutalement à l’âge de 32 ans, le 27 septembre 1885 à quatre heures du matin au domicile conjugal. Puis Eugène décède en février 1886 à l’Hôpital rue Saint Martin (maintenant rue Gambetta) et la petite dernière, Claire, disparaît à son tour chez elle à l’âge de trois ans, en août. Leur mère se retrouve seule pour élever ses deux enfants restants: Julien et Marie Charlotte. En raison de la situation familiale devenue précaire, ils doivent rapidement se trouver un travail ou entrer en apprentissage pour ne pas rester à la charge de leur mère.

Julien et Marie Charlotte quittent donc l’appartement familial entre 1891 et 1896, année où ils n’apparaissent plus sur les recensements.

Carte de visite Grand Hôtel de la Paix à Amiens

Julien se trouve à Amiens en 1899 lorsqu’il est appelé pour faire son service militaire. Il exerce le métier de garçon de café au Grand Hôtel de la Paix, 57 rue Duméril. Il est affecté au Régiment d’Infanterie de Beauvais la 14 novembre 1900 malgré la dispense accordée comme fils ainé de veuve.

Rue Duméril Amiens

De retour à la vie civile, il se fait embaucher au Casino de Saint-Valery-sur-Somme (80) en 1902. Il déménage ensuite successivement à Amiens, Beauvais, Albert avant de retourner à Amiens en 1904.

Marie Cléore Alphonsine LENGLET

Marie Cléore Alphonsine, souvent appelée Claire, nait le 7 octobre 1883 dans la petite commune de Fieffes (qui n’est alors pas encore rattachée à Montrelet). Ses parents sont Jean Baptiste LENGLET, charpentier, et Léonique Sophronie QUILLET. Première enfant du couple, elle a cependant un demi-frère et une demi-sœur : Jean-Baptiste Oscar Zéphirin Arthur et Marie Mathilde Léontine, nés de la précédente union de son père avec Marie Stéphanie Anaïse PAUCHET (Il y a également une autre sœur décédée à l’âge de 5 ans en 1881). C’est son père qui va déclarer sa naissance à la mairie, accompagné de Saturnin PAUCHET, son ex beau-frère avec qui il garde visiblement de très bonnes relations.

Fieffes, rue de l’Église

Trois ans plus tard, la famille accueille Alphonsine Yvonne Cécile, dont Cléore devient extrêmement proche.

La vie est calme dans le village samarien, marquée par les mariages des premiers enfants :

  • 15 Avril 1896 pour Marie Mathilde Léontine, dont les enfants seront gardés par Léonique Sophronie (sa belle-mère), preuve que les deux femmes s’entendent bien.
  • 1er Juillet 1899 pour Jean-Baptiste Oscar Arthur Zéphirin.

Le père de Cléore n’aura pas le temps de voir sa fille se marier, car il s’éteint le 21 juin 1903 à l’âge de 58 ans dans sa demeure à Fieffes.

Mariage

Cléore a-t-elle été envoyée à Amiens pour se constituer une dot et rencontrer Julien par la même occasion? Est-ce par l’intermédiaire d’amis communs? Je n’en ai, pour l’instant, aucune idée. Mais, un an plus tard, le 15 décembre 1904, Julien Arthur VÉRITÉ et Marie Cléore Alphonsine se disent « oui » à la mairie de Fieffes. Sont présents les mères des deux époux, Jean-Baptiste LENGLET, frère de l’épouse, Gaston QUILLET son oncle maternel et deux amis de Julien Arthur, connus au cours de ses différents emplois.

Le couple déménage immédiatement à Amiens, 71 rue des Capucins. C’est dans cette maison que naitra leur premier enfant : André Charles Jean-Baptiste (mon arrière-grand-père) le 28 octobre 1905.

Ils habitent ensuite quelques mois à Cayeux-sur-Mer (80) avant de revenir sur Amiens, au 249 rue Saint Honoré, où ils retrouvent une partie de la famille de Cléore . Alphonsine Yvonne Cécile accouche le 24 septembre 1906, sa sœur est là pour l’aider et c’est Julien VÉRITÉ, accompagné du père de l’enfant, qui s’occupe de la déclaration de naissance. Les heureux parents se marient trois mois plus tard, le 24 décembre, et le choisissent pour témoin.

Puis vient la naissance du deuxième enfant de Julien et Cléore : Gisèle Julia Sophronie Eugénie le 9 février 1907. Elle décèdera malheureusement au bout d’un mois. La perte de leur fille décide sans doute Julien et sa femme à changer complètement de région et à venir en Ile-de-France comme beaucoup de provinciaux. C’est à Saint-Ouen (93), dans l’Impasse Chevalier, qu’ils posent leurs valises. Ils y resteront 6 ans durant lesquels naitront leurs trois dernières filles :

  • Gisèle Julia Sophronie Eugénie (oui elle s’appelle exactement comme sa sœur décédée), le 22 mars 1908,
  • Madeleine Marie Claire, le 10 septembre 1910,
  • Juliette Marguerite, le 18 mais 1912.

En 1907, Julien abandonne son métier de maître d’Hôtel pour entrer aux Chemins de Fer du Nord puis au Gaz de Paris en tant que journalier.

L’appartement devient sans doute trop petit pour deux adultes et quatre enfants. La famille déménage alors dans la ville voisine d’Epinay-sur-Seine, au 60 rue de Paris, dont ils ne bougeront plus.

Epinay-sur-Seine 60 rue de Paris

1914 : Mobilisation générale ! Julien est appelé comme tous les hommes valides en âge de se battre pour défendre la France, mais obtient deux mois de sursis grâce à son travail. Impossible en effet d’interrompre l’approvisionnement en gaz des villes, les employés de la compagnie sont donc parmi les derniers réquisitionnés.

Julien arrive cependant au corps le 17 octobre et est envoyé en Belgique, à Nieuport, où il participe à l’inondation des plaines de l’Yser, stoppant les Allemands dans leur avancée et instaurant pour la première fois la guerre des tranchées. Un éclat d’obus lui perfore le tympan droit le 13 janvier 1915. Sans doute mal soignée, la blessure s’infecte et dégénère en otite puis en mastoïdite. Julien est alors envoyé en soins jusqu’au 7 août à Dunkerque puis à Caen. Cette blessure laisse des séquelles, il devient sourd de l’oreille droite. Impossible de retourner au front, il part pour le dépôt jusqu’au 20 octobre 1915 et définitivement réformé à partir de ce jour.

En raison de ces blessures, les enfants VÉRITÉ seront adoptés par la Nation le 7 novembre 1923.

Jugement d’adoption par la Nation enfants VÉRITÉ

Pendant ce temps, la Somme est dévastée par la Guerre. La famille de Marie Cléore Alphonsine fuit les combats. Sa mère, Léonique Sophronie, rejoint Marie à Epinay. Alphonsine arrive à Saint-Denis, et sa demi-sœur, Marie Mathilde Léontine et ses enfants sont envoyés à Veulette-sur-Mer en Seine-Maritime.

La Guerre enfin terminée, Léonique reste avec sa fille. Les enfants partent ensuite petit à petit :

  • D’abord Gisèle, qui se marie avec Maurice Désiré DUHAUBOIS le 23 avril 1927,
  • Ensuite André, le 15 septembre 1928 avec leur voisine de palier Germaine Louise FAUNY,
  • Madeleine, le 30 janvier 1930 avec un Luxembourgeois du nom de François FRISCH,
  • Et enfin Juliette, le 24 septembre 1931 avec René François BARDONNET.

Ils auront au moins 5 petits enfants.

Le couple assiste également au mariage des enfants d’Alphonsine, notamment celui de son deuxième fils dont Julien sera le témoin.

Julien décède, chez lui, le 10 mai 1937, suivi deux ans plus tard par sa belle-mère le 20 janvier 1935.

Cléore reste donc seule au 60 rue de Paris et a la douleur de perdre son fils dans un accident de bus en 1942. Elle s’éteint à son domicile le 15 septembre 1961.

Rédaction de l’article

Comme je l’ai dit plus haut, je n’ai pas eu beaucoup de témoignages directs pour ce couple. Pour retrouver toutes ces informations, il a fallu que je me base sur les recensements plus récents que ceux accessibles en ligne. Je me suis donc déplacée dans certaines communes et AD. Je me suis également beaucoup appuyée sur la fiche matricule de Julien Arthur VÉRITÉ qui était très fournie, son acte de succession beaucoup plus succin (il n’y en a pas eu pour les autres membres de la famille et ceux des parents de Julien ne sont pas communicables en raison de leur état) et diverses ressources comme la transcription du jugement d’adoption des enfants. Malheureusement je n’ai pas eu accès au dossier créé pour l’occasion car ceux de Paris ont été détruits.

Afin d’étoffer et de comprendre un peu mieux les liens familiaux, j’ai fait le même travail pour les frères et sœurs du couple ainsi que pour leurs neveux/nièces afin de voir s’ils n’apparaissaient pas dans un acte comme témoins.

Je vous retrouve bientôt pour un nouveau couple.

Arbre Julien Arthur VÉRITÉ
Arbre Marie Cléore Alphonsine LENGLET