16 AAGP : Marie Louise CORNU
Pour ce premier article du projet 16AAGP, je vous emmène à la rencontre de Marie Louise CORNU. Nous partons dans le nord de l’Yonne, à la frontière de la Seine-et-Marne (que nous franchirons bien sûr).
Marie Louise CORNU est mon Sosa 31, la dernière pour cette génération. Elle est à droite sur la photo, en compagnie de sa fille Germaine (mon arrière-grand-mère). Pourquoi commencer par elle? Et pourquoi pas? Je n’ai jamais dit que je traiterais les couples dans l’ordre, autant commencer par ceux que je « maitrise » le mieux. Mais surtout parce que c’est par elle que j’ai débuté la généalogie.
J’ai eu la chance de connaitre mon arrière-grand-mère, qui a pu me parler (un peu) de son enfance au début du XXe siècle, mais elle a malheureusement assez peu évoqué sa mère. La seule chose dont je me souvienne, c’est qu’elle lui tirait très fort les cheveux en la coiffant… Pas de quoi écrire une vie. Lorsque je me suis intéressée à la généalogie, j’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus sur elle, sur sa vie, sa famille, etc… Et, plutôt que de démarrer « classiquement » par la branche qui m’a donné mon nom, je suis partie sur la branche CORNU. C’est donc naturellement par celle par qui tout a commencé que j’inaugure ce projet.
Enfance de Marie Louise CORNU
Marie Louise est la petite dernière d’une fratrie de dix enfants. Fille des époux Louis Pierre CORNU, souvent nommé « Maximin » ou « Maximilien », et Marie Rosalie HÉBERT. C’est dans une famille marquée par le deuil qu’elle voit le jour. Elle ne connaitra que deux de ses sœurs, la plus grande : Philomène, et la plus jeune : Marie Rosalie. Tous ses autres frères et sœurs étant décédés en bas âge avant sa naissance.
Elle nait à Jaulnes (Seine-et-Marne) le 11 avril 1876. La raison de la venue de la famille, originaire de Serbonnes et Montigny-le-Guesdier, dans cette commune n’est pas connue, mais étant cultivateurs/journaliers, c’est probablement pour trouver du travail ou suivre un employeur car je n’ai pas trouvé d’autre membre de la famille dans les actes ou recensements. Ses parents sont assez âgés, 51 ans pour son père et 47 ans pour sa mère. Ce sont des gens simples qui travaillent principalement dans les vignes et qui n’ont pas un grand niveau d’instruction car ils ne savent pas signer. Les conditions sont difficiles, et le foyer n’a pas beaucoup d’argent.
La même année, en juin 1876, sa grande sœur Philomène, alors âgée de 24 ans, se marie avec Médéric Isidore SERRÉ, jeune homme de 22 ans, originaire de Sergines. La famille déménage sans doute rapidement, car elle n’apparaît pas dans les recensements de 1881 (d’ailleurs je ne sais pas où ils se trouvaient à cette date), pour aller quelques années plus tard (avant 1885) à Bray-sur-Seine. C’est dans cette commune que naitra le premier fils naturel de Marie Rosalie CORNU (sa plus jeune sœur). Mais ils ne feront que passer, pour s’installer définitivement, entre 1886 et 1889, à Sergines, petite commune du nord de l’Yonne peuplée d’environ 1100 habitants a l’époque, autant dire que tout le monde se connaissait…
Le 27 avril 1889, la mort frappe une nouvelle fois la famille. Marie Rosalie HÉBERT, sa mère, s’éteint dans sa maison, rue Serré. Marie Louise, alors âgée de 13 ans, se retrouve donc avec son père, sa sœur Marie Rosalie et les deux fils naturels de celle-ci : Charles Jules et Kléber Martial.
Âge adulte, la dure vie de fille-mère.
Comme beaucoup de jeunes femmes de cette époque, elle a sûrement dû être embauchée en tant que domestique. Sont-ce les œuvres de son employeur ou d’un jeune homme qu’elle fréquentait ? Impossible de le savoir, mais le 11 novembre 1896, elle donne naissance à Andrée Cornu dans la maison de son père.
Vivent alors sous le même toit : Pierre Louis CORNU, Marie Rosalie et ses trois enfants (Charles Jules, Klébert Martial et Marthe Germaine qui vient également de naitre) et Marie Louise et sa fille. Deux sœurs, mères célibataires, sous le même toit dans un petit village. Ce ne devait pas être facile tous les jours.
C’est peut-être ce qui l’a poussée à déménager avec sa fille dans la commune de Montacher à une trentaine de kilomètres de Sergines. Au bord du Lunain, dans une minuscule maison dont il ne reste aujourd’hui plus grand chose (le petit muret en ruine sur la photo). Elle devient alors « gardienne d’enfants ». Ceux qui sont placés chez elle ne sont pas des enfants trouvés, mais lui sont confiés par leur parents, souvent originaires de région parisienne. Parmi ces enfants : GERFAUD Maurice né le 29/04/1905 dans le deuxième arrondissement de Paris et COULON Germain né en 1910 à Vincennes.
Elle rencontre un homme marié, dont l’identité m’est inconnue encore à ce jour (et le restera sans doute), vivant à Montacher, et aura avec lui deux filles, Marie Léonie (appelée Léonie) et Germaine Léonie (mon AGM) en 1905 et 1907. Elle se retrouve donc seule, avec ses trois filles dans un petit village de moins de 600 âmes. La proximité de l’eau permet d’avoir facilement accès au lavoir (comme on peut le voir sur la photo), mais lorsque le ruisseau est en crue, les lits doivent être rehaussés pour que les pieds ne trempent pas dans l’eau.
Mariage de Marie Louise et Lucien Pierre
C’est entre 1908 et 1918 qu’elle rencontre son futur époux par l’intermédiaire du petit-fils de celui-ci.
Le 19 février 1908, Lucien ALLIER voit le jour à Saint-Germain-en-Laye, c’est sans doute au cours de la Première Guerre Mondiale qu’il est placé dans l’Yonne pour fuir les bombardements de la capitale. Confié à son grand-père, il est mis en garde pour la journée chez Marie Louise. Lucien Pierre ALLIER, sabotier, a 24 ans de plus qu’elle, est veuf et a perdu son fils (père du petit Lucien) en 1915 au cours de la guerre. Ils se marient le 2 avril 1918 à Villegardin, commune limitrophe de Montacher et domicile de l’époux.
Ils déménagent ensuite dans la grande ville la plus proche : Pont-sur-Yonne, 24 rue du Gâtinais. L’entente entre Germaine et Lucien ne semble pas particulièrement amicale, c’est sans doute ce qui a poussé Germaine à partir pour Paris entre 1921 et 1926.
Le 26 décembre 1926, le lendemain de Noël, Marie Louise succombe, chez elle, à la grippe. Elle repose aujourd’hui dans le cimetière de la ville avec ses filles Léonie et Germaine.
Quelques petites anecdotes sur mes recherches
Acte de naissance
Lorsque j’ai commencé mes recherches sur Marie Louise CORNU, je n’avais presque pas d’informations, juste son nom et l’acte de naissance de sa fille (mon arrière grand mère) à Montacher. Elle n’était pas encore mariée à ce moment là et, n’ayant pas connaissance de son futur mariage avec Lucien ALLIER, je ne pouvais pas m’appuyer dessus pour retrouver sa date et sa commune de naissance.
C’est ma grand-mère (qui n’avait pas beaucoup d’informations non plus) qui m’a parlé d’un désaccord avec sa tante Andrée. Elle avait comme vague souvenir que Marie Louise était née à Jaulnes en Seine-et-Marne, mais Andrée CORNU lui avait toujours soutenu le contraire, qu’elle était née dans le sud de l’Yonne et qu’elle n’avait jamais quitté le département.
C’est parce que je n’avais pas d’autre endroit où chercher que je suis allée vérifier dans cette commune. Il se trouve qu’en effet son l’acte de naissance s’y trouve, ainsi que l’acte de mariage de sa sœur, sur qui je suis tombée complètement par hasard. J’aurais pu regarder les recensements pour trouver sa commune de naissance. Oui mais à l’époque je débutais la généalogie, j’avais donc déjà du mal à m’en sortir entre les différents actes, donc les recensements n’étaient absolument pas d’actualité. Tout ça pour dire, que s’il faut toujours prendre avec des pincettes ce qui est pris pour acquis dans la famille (ici le fait que Marie Louise soit née dans l’Yonne), il faut aussi parfois suivre les pistes plus floues et les souvenirs vagues pour faire avancer les choses.
Acte de mariage
Comme vous avez pu le voir sur l’acte de naissance de Marie Louise, il y a eu une petite erreur de transcription… En effet, si j’en crois le greffier, mon AAGM s’est mariée le 2 avril 1918 à Villegardin avec… Elle-même… C’est un peu embêtant… J’aurais pu utiliser son acte de décès me direz-vous. Oui mais à cet instant je ne connaissais pas l’année de son décès. Les tables décennales ne dépassaient pas 1900 dans l’Yonne et les recensements 1906. J’ai donc dû attendre qu’ils soient disponibles jusqu’en 1936 pour apprendre enfin le nom de son époux et pouvoir demander l’acte de mariage. Le plus étonnant dans tout ça, c’est que je connaissais son visage (puisque j’ai des photos), je savais qui il était, mais étais incapable de lui donner un nom.
Et voilà pour le premier article de ce projet. J’espère que vous aurez apprécié de vous plonger dans la vie de Marie Louise CORNU et je vous dis à bientôt pour le prochain couple. N’hésitez pas à me faire part de vos remarques et de vos suggestions.
C’est un très bel article en effet, bien agréable à lire. Je comprends que vous commenciez par elle car c’est un personnage attachant qui a eu une vie pleine de rebondissements.
article très agréable et captivant.
Très bien écrit : un plaisir à lire
Ça me donne envie …