16 AAGP : Alfred Victor LE BOUTEILLER et Alice Marguerite CHALOT
Voici le deuxième article de la série consacrée à mes 16AAGP. Aujourd’hui, je vous présente Alfred Victor LE BOUTEILLER et Alice Marguerite CHALOT, mes sosa 28 et 29. Nous traverserons Saint-Lô (Manche), Mortefontaine (Oise) et plusieurs villes d’Ile de France.
Alfred Victor LE BOUTEILLER
Alfred Victor LE BOUTEILLER est le deuxième enfant des époux Victor Aimable LE BOUTEILLER et Henriette Marie GODIN. Il voit le jour à Saint-Lô (Manche) le 10 février 1866. Deux ans après sa sœur, Valentine Virginie Louise, et deux ans avant son frère, Jean Joseph Émile. Baptisé 5 jours plus tard, dans l’église de Sainte-Croix de Saint-Lô, il prend le nom de son parrain (et oncle maternel) Alfred Pierre GODIN assisté de sa femme Marie Victorine HOUEL, venus pour l’occasion du Havre.
Alfred Victor grandit dans la boucherie familiale située rue Haut Torteron, rue commerçante. C’est ici qu’il a pu commencer à apprendre les ficelles de son futur métier. Ensuite envoyé sur Paris, avant 19 ans, il entre en apprentissage comme il est d’usage dans sa profession. Sans doute logé chez des cousins paternels déjà présents dans la capitale, peut-être même travaille-t-il pour eux.
A 20 ans, comme tous les jeunes hommes de son âge, il part effectuer son service militaire. Alfred est alors affecté au 47e Régiment d’Infanterie de Saint-Lô. Service qui durera trois ans au cours desquels Alfred sera promu Caporal, puis Sergent fourrier (sous-lieutenant chargé de l’intendance), et enfin Sergent en avril 1890. Il est finalement envoyé en congé le 23 septembre 1890 et reprend son activité de boucher à Paris. Il y déménage alors plusieurs fois, passant du 11 rue Simart en 1890, au 4 boulevard Beaumarchais en 1892, pour finir au 4 rue Terrasse de 1894 jusqu’à ce qu’il se marie en 1900. Par décret présidentiel, il est promu Officier d’administration de 2ème classe en 1894 puis de 1ère classe en 1910.
C’est à l’âge de 27 ans qu’Alfred Victor LE BOUTEILLER perd son père le 19 avril 1893.
Alice Marguerite CHALOT
Alice Marguerite naît le 26 septembre 1871 à Mortefontaine (Alfred Victor est alors âgé de 5 ans). Fille des époux Iréné Alexandre Ange CHALOT et de Françoise Joséphine CHÉRON. C’est une petite commune du sud de l’Oise, à la frontière du Val-d’Oise et de la Seine-et-Marne, les échanges avec la capitale sont nombreux, car à quelques kilomètres se trouve la gare de Survilliers qui emmène les voyageurs jusqu’à la Gare du Nord.
Sixième enfant d’une fratrie de sept, elle ne connaitra malheureusement jamais sa première sœur. En effet, Irma Marie décède à l’âge de sept jours en 1860. Comme sa mère, elle ne conserve pas l’usage de son prénom dans la vie de tous les jours et se fait appeler Marie. Est-ce un choix personnel ou celui de son entourage qu’elle garde ensuite par habitude? Impossible de le savoir.
Elle grandit également au sein de la boucherie familiale. Le commerce est situé Grande Rue dans sa ville natale (aujourd’hui rue Gérard de Nerval). Peut-être est-ce auprès de sa mère qu’elle apprend à tenir la boutique ? La vie est sans doute moins dure que pour Marie Louise, car la famille est assez aisée et possède beaucoup de terrains dans la région.
Ses deux frères décèdent assez jeunes, le premier à 24 ans en 1888. Le second à l’âge de 21 ans (en 1890), sans doute de tuberculose (information trouvée sur sa fiche matricule). C’est ensuite au tour de sa sœur : Louise Irma de succomber en 1898. Elle laissera 2 enfants et un mari, qui reprendront plus tard la boucherie de Mortefontaine.
Mariage
Comment se sont-ils connus ? C’est un mystère. La profession de leur famille n’y est sans doute pas étrangère, car on se marie souvent au sein d’une même profession. Toujours est-il que le 30 juillet 1900, à 10h30, sont célébrées, en la Mairie de Mortefontaine, devant Monsieur le Maire, les noces d’Alfred Victor LE BOUTEILLER et Alice Marguerite CHALOT. Un contrat de mariage (détruit dans un incendie) a été passé devant Maitre DELAUNAY, notaire à Senlis. Notaire qui a également recueilli le consentement d’Henriette GODIN, mère de l’époux, car elle ne pouvait pas se rendre à Mortefontaine. Les deux familles se sont mises d’accord pour une dot de 13 000 francs, ce sera la plus importante de la famille. On choisit les témoins parmi les proches du couple :
- Du côté d’Alfred : son beau-frère Léon GODIN, âgé de 44 ans et domicilié à Château-Gontier (Mayenne) et Alphonse MARGARON, son cousin domicilié comme lui à Paris.
- Du côté d’Alice : son oncle maternel Louis CHÉRON, âgé de 66 ans, presque voisin puisque vivant au hameau de Montméliant dans la commune de Plailly, et Edmond CHEVANCE, son beau-frère âgé de 42 ans et habitant Claye-Souilly (Seine-et-Marne).
Ils emménagent dans un premier temps au 23 rue Salneuve à Paris. Un an plus tard, Alice tombe enceinte et va passer les derniers temps de sa grossesse dans sa famille à Mortefontaine. Le 22 mars 1901, le petit Raoul Léon voit le jour à 3 heures du matin dans la maison de son grand-père. Son père est présent pour l’occasion et part déclarer la naissance de son fils avec Iréné.
Un mois plus tard, c’est le père d’Alice qui décède au Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) alors qu’il était en déplacement, laissant un joli héritage à ses enfants et petits-enfants.
Le couple loue ensuite un local au 38 rue de la République à Montrouge (Haut-de-Seine) qu’il transforme en boucherie, ainsi qu’une écurie et un abattoir un peu plus loin pour une somme totale 1175 francs pour 6 mois. Dans le même temps, il emménage quelques mètres plus loin dans un appartement situé au 45 Grande Rue.
Le bonheur est malheureusement de courte durée. Pour une raison inconnue, Alice décède le 22 juin 1906 en son domicile, laissant seuls Alfred et son fils.
L’aide de Françoise CHÉRON (mère d’Alice) n’est alors pas superflue. Elle emménage chez son gendre pour garder le petit garçon pendant que le père travaille. Elle est toujours là quand la Première Guerre Mondiale éclate. Alfred, ayant le grade de capitaine, est appelé à servir son pays malgré ses 48 ans. Il est alors envoyé comme capitaine d’administration à Oran. Elle reste avec Raoul jusqu’au 14 novembre 1915, date où elle s’éteint.
Est-ce ce qui a obligé Alfred à rentrer en France et à ne plus prendre part à la Guerre ? Ou est-ce une simple coïncidence due à son âge? De fait, Alfred rentre à Paris en 1915. S’il ne peut plus être sur le terrain, il tient néanmoins à faire son devoir de citoyen et donne une bonne partie de sa « fortune » pour contribuer à l’effort de guerre.
Mais il faut continuer à travailler, c’est un peu compliqué lorsque l’on est un homme veuf, patron d’une boucherie (ce qui demande beaucoup de temps) et père d’un garçon de 14 ans. Une seule solution, trouver de l’aide pour tenir la maison ! Maison qu’il confie à une charmante femme : Georgette Louise Rosalie PARROT, alors âgée de 37 ans. Si charmante qu’il en tombe amoureux et l’épouse à la fin de la guerre, le 15 mai 1919 en la mairie du 14ème arrondissement où habite Mademoiselle PARROT.
Ils emménagent avec Raoul, entre 1920 et 1921, au 28 rue Pérrier (toujours à Montrouge) et ont une fille qui décède avant ses deux ans. Ceci reste cependant à confirmer, car il s’agit de témoignages de famille et je n’ai pas encore retrouvé la trace de cette enfant.
Puis vient l’âge de la retraite. Il est temps de s’éloigner de Montrouge. Direction le 36 rue de Paris à Bagnolet (Seine-Saint-Denis), où ils s’installent définitivement.
Le 17 novembre 1930, Raoul se marie à Montrouge avec Germaine Léonie CORNU (la fille de Marie Louis dont je vous ai déjà parlé). Pas facile de faire accepter cette union à Alfred, la famille CORNU n’est pas du tout du même milieu. Il est dit qu’il n’appréciait pas vraiment sa belle-fille (qui le lui rendait bien, le surnommant d’un affectueux « Capitaine ronchonneaux » lorsqu’elle en parlait). A tel point que la légende familiale dira qu’il avait déshérité son fils pour s’être marié avec elle. Légende depuis peu réduite en cendres par mes recherches. J’ai en effet retrouvé les actes de succession de tout ce petit monde, mais je m’éloigne du récit….
Reprenons : S’éloigner de Montrouge c’est bien, mais avoir une maison de vacances c’est encore mieux, non? Alfred et Georgette achètent donc une maison en bord de mer (littéralement) à Saint-Aubin-sur-mer (Calvados) au 5 avenue de Verdun appelée « Le Castel » ; la vue est magnifique ! Sur la photo, on peut voir la maison (actuelle) à gauche de l’allée.
Alfred ne verra cependant pas sa maison détruite par le débarquement, car il décède dans sa demeure de Bagnolet le 23 février 1942 à l’âge de 76 ans. Georgette le rejoindra 8 ans plus tard, le 6 avril 1950.
Anecdotes et difficultés sur mes recherches
C’est un article « à chaud » que vous venez de lire ; en effet, si j’avais quelques informations sur ce couple ces dernières années, elles concernaient principalement la famille d’Alice CHALOT. Or jusqu’à avant-hier encore, je n’avais ni la date de décès d’Alfred (seulement le mois et l’année), ni la date de son mariage avec Georgette. Je n’avais jamais entendu parler de leur maison de bord de mer non plus. Et voilà qu’une visite aux archives départementales de Seine-Saint-Denis me donnent toutes les informations dont j’avais besoin, et plus encore. Ne négligez JAMAIS les actes de succession, cherchez-les dès que vous le pouvez ! Je ferai sûrement un article un jour sur l’intérêt de les consulter.
Comme je l’ai mentionné plus haut, ce fut l’occasion de découvrir que mon arrière-grand-père n’avait pas été déshérité lors de son mariage. Ce qui a sans doute permis de redorer un peu l’image d’Alfred au sein de la famille dont les échos nous étaient surtout parvenus par sa belle-fille.
La plus grosse difficulté pour ce couple réside dans leurs actes de naissance :
- Celui d’Alice n’est pas consultable en ligne ou aux AD, car l’année est manquante, sans doute détruite. J’ai pu trouver sa date exacte grâce aux TD de Mortefontaine (confirmée par ses actes de mariage, de décès et de succession). Je n’avais pas accès aux autres actes la concernant, les registres n’étant pas encore en ligne à l’époque. C’est pour elle que j’ai été pour la première fois dans une salle d’archives. Je dois avouer que c’était très émouvant de retrouver l’acte original de son mariage ainsi que celui de la naissance de son fils.
- Celui d’Alfred… Reconstitué… Et oui les archives de Saint-Lô ont BEAUCOUP souffert des bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Il ne comporte donc que peu d’informations et se base sur son acte de baptême conservé miraculeusement (et mis en ligne sur Familysearch). Les recherches pour cette branche sont très compliquées et n’apportent pas énormément d’informations, c’est aussi ça la généalogie.
Il reste encore quelques explorations à mener, notamment sur l’existence de cette petite fille, née de l’union d’Alfred et Georgette entre 1919 et 1941. Je n’ai également pas encore retrouvé le décès de la mère d’Alfred. Sans doute après 1900 à Saint-Lô, mais là encore les ravages de la guerre ne me facilitent pas la tâche.
Je me suis moins attardée sur les frères et sœurs dans cet article. Néanmoins j’aimerais revenir sur le frère de mon AAGP : Jean Joseph Émile LE BOUTEILLER. Celui-ci serait mort assassiné, ici aussi, impossible de retrouver son acte décès ou un article mentionnant ce fait divers. Mais si cette information est vraie, elle a dû beaucoup affecter la vie de sa famille.
Pour finir, comme d’habitude, je vous mets l’arbre de Raoul afin de vous aider à y voir plus clair.
Je vous remercie de m’avoir lue jusque là, n’hésitez pas à me faire part de vos remarques, commentaires, suggestions, etc… Je vous dis à bientôt pour un nouvel article.
bien ton idée de regrouper sous le même projet les 16 AAGP
Bonjour,
très beau portrait d’Alice ! J’ai suivi le lien via twitter et le mystère de la fille d’Alfred et Georgette Parrot m’a intrigué.
Georgette P. a bien eu une fille qui est décédée à 10 mois. Cependant, je doute qu’Alfred ait été le père. Geneviève est née le 11/03/1914 Paris 14e (rue Sarrette) et est décédée le 25/01/1915 (inhumée à Bagneux). Georgette avait 35 ans à la naissance et l’adresse rue Sarrette revient sur l’acte de mariage en 1919. Peut-être est-ce cette petite qui est à la source des témoignages de la famille ? ^_^
Bonjour, merci beaucoup pour ce commentaire. J’ai en effet retrouvé récemment la trace de cette petite fille, Geneviève, mais je n’ai pas pris le temps de modifier l’article ^^ Il se trouve qu’il s’agit bien de la fille d’Alfred car j’ai pu récupérer des cartes postales échangées entre Alfred et Georgette pendant la guerre (qui ne font jamais mention de l’enfant d’ailleurs) et un peu avant. Ils se connaissaient et se fréquentaient donc déjà, au vu de leurs échanges, au moment de la naissance de la petite. Georgette a bien vécu rue Sarrette pendant la guerre, mais elle a aussi rejoint son époux à Oran sur certaines périodes. Je travaille actuellement à classer ces cartes pour avoir une meilleure vision de leur parcours.